lundi 30 novembre 2009

Tornata dall' Italia, molto lavoro previsto !

Salve !

Afin de me faire pardonner de ne rien avoir posté la semaine dernière pour cause de week-end élargi en Italie (Bononiae-Romae-Bononiae, mais surtout Romae ; vivent les locatifs ! :p), je vais essayer de poster des brèves tous les jours de celle-ci : elle s'annonce dense (colloque, cours, mémoire, visite à la Bnf : j'en sue d'angoisse d'avance...!) et mon mémoire est en train de dépasser le stade "lecture/prise de notes sur l'oeuvre - sondages bibliographiques plus ou moins dans le vague", qui est difficilement racontable, parce qu'assez répétitif (deux articles, ça va ; trois articles, bonjour les dégâts !).

Cet après-midi, par exemple, une fois arrivée dans mes pénates depuis l'aéroport, j'ai réglé son compte à la Vie d'Auguste. J'ai déjà lu tous les Douze Césars en latin, je le relis désormais en français pour vérifier que je n'ai rien raté et voir comment mes deux versions françaises traduisent tel ou tel passage (pour l'usage du conditionnel, notamment : ce n'est pas la même chose que d'écrire "on dit que Tibère aimait beaucoup la chair fraîche" et "on dit que Tibère aurait beaucoup aimé la chair fraîche" :p ; en latin, le conditionnel dans le discours indirect s'exprime avec une structure un peu compliquée, donc il peut y avoir un vrai choix de la part du traducteur).

Ensuite, j'ai repris toutes les occurrences que j'avais relevées et je les ai entrées dans mon maGnifiK Taaaableau sous l'équivalent NéoOffice d'Excel, ce qui me permet à chaque fois de me rappeler combien mes cours de "maths-informatique" de première L sont loin... et de me promettre à chaque fois de les ressortir du placard dès le prochain week-end chez ma mère. :p

J'essaie de voir si je peux tirer quelque chose du nombre de ces occurrences, en chiffres absolus et en pourcentages : par exemple, les dernières Vies présentent moins de références à des sources précises, donc on peut s'attendre à ce qu'elles comportent plus de rumeurs ; ce n'est pas le cas en chiffres absolus, mais comme elles sont aussi moins développées que les premières, quand on passe en pourcentages, ce sont effectivement elles qui ont les plus hauts. Par contre, ce qui est étonnant, c'est que c'est la Vie de Titus qui remporte le gros lot, alors qu'elle est, de loin, la plus positive, au point qu'on a parfois parlé de panégyrique (même si, pour avoir bossé sur les panégyriques pendant deux ans pour diverses raisons, je peux vous dire que la lèche de Suétone est beaucoup moins appliquée que celle de Pline le Jeune ; mais c'est vrai que Titus était mort lorsqu'il a écrit, tandis que Trajan, lui, était bien vivant).

J'arrête là-dessus avec mes histoires de chiffres, surtout que, comme tous les chiffres, ils ne valent rien s'ils ne sont pas interprétés et, pour le faire, il faut travailler sérieusement sur le texte, ce qui est quand même la base de ce que je fais. Je reprends donc à nouveau mes notes, pour voir ce que je peux en tirer, sur cette Vie en particulier, celles des autres Césars en général, l'oeuvre tout entière en encore plus général. C'est lent, au début on ne sait pas par quel bout le prendre, ça prend du temps, mais c'est aussi passionnant, parce que tout se met en place petit à petit.

Si je pouvais avoir fini toute cette relecture avant Noël, ce serait parfait, mais je n'y crois pas trop : je n'ai fini que César, je suis seulement au milieu d'Auguste et il m'en reste encore dix comme ça derrière, même s'ils sont de moins en moins développés. Le but est donc d'en faire le plus possible, mais la journée de demain ne sera pas productive du tout : journée Quinte-Curce le matin, cours à Nanterre l'après-midi, puis retour à Ulm pour cours de paléo ou suite de la journée, je ne sais pas encore. Et, comme je mange chez des parents le soir, la soirée ne sera pas fructueuse non plus.

Mais bon, sait-on jamais !

Pourquoi j'aime Rome :



D'habitude, je ne prends pas de photos (les mots sont toujours mieux pour faire passer les choses et je déteste les séances photos des gens qui rentrent de voyage ; mais je changerai très certainement d'avis quand j'aurai des cours à illustrer), mais là, ça se passe commentaires, je pense.

La photo du centurion devant la fontaine de Trévi est floue parce que ce coglione n'arrêtait pas de bouger : les fins de journée sont dures aussi pour les figurants...!

dimanche 22 novembre 2009

La brève du dimanche matin : le CNRS, première place au classement Scimago !

Personne n'en parle, mais le CNRS est classé premier par le Scimago, organisation espagnole d'évaluation des organismes de recherche !

Cela vaut d'autant plus la peine de le signaler que ce classement se fonde sur des critères beaucoup plus complets, concrets et réalistes que, par exemple, la fameux classement de Shangaï (que tout le monde critique à qui mieux mieux, mais sans en proposer d'autres, qui constitueraient des alternatives).

Si ça vous intéresse, vous pouvez le télécharger ici. Le comité "Sauvons la recherche" en a aussi fait un compte-rendu intéressant. Pour un point argumenté sur le classement de Shangaï, allez faire un tour ici.

Ne cherchez pas l'ENS, elle est en 495ème position... Mais ce n'est pas étonnant, vu que sa principale fonction est de former les gens : c'est lorsqu'ils sont sortis que, en général, ils commencent à publier (donc sous le nom d'une autre institution) et les profs ne sont pas suffisamment nombreux pour concurrencer les facs en nombre de publications. C'est injuste (d'où la supplique de Monique, à ma conférence de rentrée des conscrits : "Je vous en prie, quand vous écrirez des articles, pensez à nous et ajoutez "ENS" au nom de la fac où vous serez ! C'est quand même nous qui vous aurons formés !"), mais c'est comme ça, même si on pourrait militer pour que la formation des étudiants, qui seront ensuite à leur tour chercheurs, soit également prise en compte.

On peut quand même se demander pourquoi personne n'en parle (personnellement, je l'ai appris dans le "Canard enchaîné"). Peut-être parce que cela représente un cinglant démenti aux contre-vérités assenées par Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse ?

samedi 21 novembre 2009

Chronique parisiano-centrée (désolée pour les autres...)

Alors c'est l'histoire d'une fille, elle veut aller à la gare d'Austerlitz et elle sait dès le début que ça va être galère.

Depuis deux ans, c'est simple : elle prenait la 4 et changeait à Odéon pour prendre la 10 (pour les non-parisiens, le plan interactif de la Ratp peut être éclairant) : neuf stations, puis cinq, un seul changement ; ce n'était pas compliqué et ça permettait de bouquiner pendant le voyage.

Oui, mais depuis début novembre et jusqu'à la fin décembre, les quais de la ligne 4 sont fermés à Odéon pour cause de rénovation, donc "les trains ne marquent pas l'arrêt" (à lire avec une voix d'hôtesse de l'air ne ressemblant pas du tout à celle des annonces dans le métro, qui écorche l'oreille et est souvent incompréhensible ; depuis que je l'ai vécu à New York, à chaque fois que ça arrive à Paris, j'ai une pensée pour les étrangers perdus). D'où mise en place d'un Itinéraire Alternatif : 4 jusqu'à Denfert, puis 6 jusqu'à Place d'It', puis 5 jusqu'au Saint Graal Ferroviaire. C'est la plaie dans les escaliers avec ma grosse valise, je ne peux pas travailler (pas assez de stations entre les changements), mais bon. Deux mois, ce n'est pas la mer à boire, finalement.

C'était compter sans la Ratp, qui m'a réservé un chien de sa chienne pour cet après-midi : d'abord, elle m'a fermé samedi et dimanche toutes les stations de la ligne 4 entre Saint-Michel et porte d'Orléans. Donc plus moyen de récupérer Denfert comme d'hab'. Mais j'avais un plan de secours : tram jusqu'à Cité U, Rer B, changement à Saint-Michel pour prendre le Rer C.


("Les sardines ont de la chance", photo par ~Thanh ; source : FlickR)


Entre alors en compte la loi des emmerdements maximum : arrivée sans trop d'ennuis à Cité U, le train du Rer B reste désespérément à quai ; les gens, croyant être là juste à temps, se dépêchent de monter, la place se réduit de plus en plus, l'atmosphère devient irrespirable. Je commence à craindre le pire : la dernière fois que ce genre d' "amusement" m'est arrivé, le chauffeur a fait une annonce pour dire que, finalement, le train ne prenait pas de voyageurs et qu'il fallait donc que tout le monde redescende sur le quai pour monter dans le suivant, déjà bondé à l'arrivée ; la raison : des p'tits malins avaient trouvé futé de descendre sur les voies, histoire d'explorer les tunnels et de gonfler les malheureux qui, eux, ont autre chose à foutre. Cette fois-là non plus, ça n'a pas raté, message du conducteur : "Bon, en raison de personnes sur les voies, on va aller jusqu'à Denfert et ensuite, euh... on verra si on peut continuer". Tout le monde sort et se dirige vers le métro, qui s'annonçait d'avance aussi accueillant qu'une boîte à sardines surpeuplée.

Résultat, marche jusqu'à Port Royal (heureusement que j'aime ça et que j'ai l'habitude d'aller à pied à l'ENS), puis bus 91. Train raté (mais bon, on avait déjà fait une croix dessus), attente du suivant, une heure après.

Qui a dit que j'ai la scoumoune en ce moment...?

Je prends l'avion pour l'Italie jeudi prochain, je rentre le lundi suivant en matinée et j'ai appris que deux syndicats de pilotes avaient posé un préavis de grève précisément à partir de ma date de retour. Ok, ils sont minoritaires, mais s'il n'y a qu'UN avion annulé, devinez lequel ce sera...?

Ce doit être une question de karma.

jeudi 19 novembre 2009

Une lettre d'amour

Technocrate mon amour, tu sais que je t'aime...?

Grâce à toi, il est 13h37 et je sais déjà que mon après-midi est (plus ou moins) foutu en l'air. Mieux : mon mémoire va prendre au minimum deux semaines de retard à cause de tes conneries.

Alors, vraiment, merci d'avoir décidé de regrouper une partie des collections universitaires au même endroit (qui n'est pas la Bnf). Et, surtout, merci d'avoir choisi, pour implanter ton Centre Technique du Livre de l'enseignement supérieur (CTLes ; à propos, pourquoi "enseignement supérieur" n'a soudain pas droit à des majuscules ?) ce village (dont je ne doute pas qu'il est magnifique) de Bussy Saint Georges, près de Marne la Vallée! C'est si pratique d'accès (RER A, puis bus 44) ! Et puis comme ça, en sortant, tout le monde ira faire un tour chez Mickey ! Tu crois qu'ils font des réductions spéciales chercheurs en université ? Si ce n'est pas le cas, ça ne saurait tarder !

("Mickey Mouse vinyl" photo par Ikayama ; source : FlickR)


Non, je déconne, j'ai vaguement compris qu'il serait quand même possible de consulter les Magnifiques Ouvrages que contiendront tes Tout Aussi Magnifiques Armoires Métalliques sans se déplacer sur place : il faudra faire une demande de "communication différée sur demande faite à l’avance des cotes transférées au CTLes" (là je cite le jargon officiel délivré sur le site de la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne - à ne surtout pas confondre avec la bibliothèque de la Sorbonne tout court, malheureux !).

Technocratinou d'amour, mon lapin, tu as déjà mis les pieds à la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne ? Non, bien sûr ! Donc tu ne sais pas quelle galère c'était déjà pour se faire communiquer un document en magasin, le temps infini qu'il fallait attendre, les gens pas sympas qui ne prennent pas la peine de t'expliquer la procédure (ils t'ont filé une brochure qui n'explique rien du tout, mais te donne tous les renseignements sur l'Histoire du Lieu, ça devrait te suffire, non ?!) et ses tables et chaises en bois qui te collent des bleus aux genoux et te donnent mal aux fesses au bout d'une heure, même avec un postérieur aussi rembourré que le mien...

Tu imagines ce que ce sera quand il faudra EN PLUS demander à faire venir À L'AVANCE des volumes contenus DANS UN AUTRE ENDROIT ? Pire : EN BANLIEUE ???!!! Sur le site, ils ne donnent même pas de date d'estimation de la fin de ce déménagement ! Je fais comment, moi, en attendant ? Et encore, heureusement que j'ai pensé, avant de partir, à vérifier que tout était ok là-bas, sinon je me serais déplacée pour rien !

Alors tu vois, je pense que, malgré mes tendances Bnfophobe (dont les manifestations sont proches de la claustrophobie, alors que je ne souffre pas de cette dernière), je vais tenter de déjouer un autre de tes Pièges Technocratiques et d'avoir accès aux salles de Rez-de-Jardin, les seules où je puisse désormais consulter ce dont j'ai besoin.

Alors encore merci pour ses (minimum, parce que j'en crains trois) deux semaines de retard.

Maintenant, tu as exactement trois secondes pour prendre tes jambes à ton cou, faute de quoi ce sera ma main dans ta figure (oui, des recherches bibliographiques contre-carrées au moment où l'on croyait voir le Bout du Tunnel peuvent provoquer des pulsions violentes), histoire de t'apprendre que, derrière tes chiffres et tes statistiques, il y a de vraies gens, que tu emmerdes très concrètement.

Ensuite, j'essaierai de réprimer mon envie de pleurer et de trouver ce que je pourrais bien faire en attendant.

mercredi 18 novembre 2009

Visite à la BU de Nanterre

Je n'ai pas grand chose de palpitant à raconter en ce moment, pour la bonne raison que j'ai mis un coup d'accélérateur à mon master 2 en général et à mes recherches bibliographiques en particulier, et que je n'ai rien à dire, à part me plaindre encore de ne pas trouver cette ###§§§§§!!!!!!!!!! de revue espagnole avec un homonyme italien, qui n'est même pas à la BNF (enfin, si, ils ont le numéro 7, mais pas le 8, dont j'ai précisément besoin ; pour info, j'ai lâché l'affaire avec les Russes), ce que j'ai déjà fait ici en long, en large et en travers.

Je vais donc continuer ma revue des bibliothèques, puisque j'en ai déjà fait pas mal (en plus, demain, il faut que j'aille à celle de la Sorbonne : ceux qui y ont déjà mis un pied sont compatissants ("bon courage : c'est la seule bibliothèque où j'ai toujours eu un mal de chien à avoir un document", m'a dit hier un camarade nanterrien) ; ceux qui n'y ont jamais mis les pieds le seront bientôt, quand j'aurai publié un billet sur ma visite d'aujourd'hui).

Aujourd'hui, je suis donc allée faire un tour à la BU de Nanterre, où j'avais déniché une revue présente absolument nulle part (comprendre : dans aucun autre endroit où elle me serait facile d'accès ; comprendre : pas à la bibliothèque d'Ulm, donc ; mais, pour info, elle n'était pas à la Sorbonne non plus). J'ai rapidement compris pourquoi : la série d'articles sur la rumeur qu'elle contenait tenait plus de la causerie au coin du feu que du travail scientifique et même si Marcel Detienne m'a donné un bon aperçu de ce qu'évoque le mot "rumeur" dans la pensée grecque, ça n'avance pas du tout mon schmilblick romain.

Reste donc que j'ai passé deux heures à la BU, dans un cadre assez agréable, années 70/80. J'avais un peu l'impression d'être dans une sorte de réplique géante de la bibli où j'allais avec ma mère et mes frères quand j'étais petite. C'est d'ailleurs le problème de cette bibliothèque : les gens de l'admin' sont sympas, mais elle est immense ! Vous me direz "bah oui, c'est normal, c'est une BU" ; ouais, sauf que moi, la seule que je connaisse (plus ou moins), c'est celle de la Sorbonne, qui n'est pas aussi grande (mais qui a des étagères en bois et une salle très "tradi" : ça compense).

Je milite donc pour qu'ils mettent ici et là de jolis petits plans, parce que leurs vagues flèches indiquant la salle "Littérature et langages", c'est sympa, mais une fois qu'on y est arrivé, on a totalement oublié comment on fait pour retourner à l'accueil récupérer les bouquins qu'on a commandés ! «Bon, alors, j'ai monté un escalier, donc il faut que j'en descende un... Merde ! Je suis où ? Les panneaux m'indiquent la sortie, mais je fais comment pour trouver l'entrée ?"» C'est là où la carte "Vous êtes ici" m'aurait bien aidée... J'ai erré une bonne dizaine de minutes avant de retrouver la Voie.

Tout ça pour dix pages intéressantes, soixante pages pas utiles : la recherche biblio, parfois, c'est pô très gratifiant...

dimanche 15 novembre 2009

Aperçu de l'univers des "Après"

Hier soir, avec des amis, je suis allée voir Lorenzaccio, monté par la troupe des archicubes, i.e. des anciens élèves de l'Ecole.

Petit point de jargon ulmien : les première année sont appelés "conscrits", ceux des années suivantes "vieux cons" (étant en quatrième année, je suis donc une très vieille conne) et ceux qui sont sortis de l'Ecole "archicubes" (ça, ce sera moi l'an prochain).

Il existe donc une troupe des archicubes qui monte des pièces de théâtre. Je n'y étais jamais allée jusque-là, d'abord parce que je n'étais pas au courant qu'elle existait, ensuite parce que, soyons honnête, j'avais aussi autre chose à faire.

Mais cette année, il avait transpiré au département et ailleurs que notre prof de latin, qui se trouve aussi être ma tutrice préférée, tenait un rôle dans la pièce. On est tombés sur l'affiche vendredi dernier et avons donc monté un plan pour y aller.

Je passe sur l'école privée catholique du VIIIème et sa salle à crucifix où avait lieu la représentation, ainsi que sur la pièce en elle-même (mise en scène pas mal du tout, interprétations assez inégales, sauf pour Alexandre, Lorenzaccio et le cardinal Cibbo - à ce propos, je dois dire que Christophe Barbier joue franchement bien).

Ce qui était surtout bizarre, c'était le public. Bon, on est d'accord que le VIIIème abrite une faune assez particulière (dans le métro, au retour, on était dans le même wagon qu'une troupe de blondinets de bonne famille tentant de jouer aux rebelles avec leur mèche au vent ; c'était d'autant plus marrant que, si on leur tordait le nez, il en serait sorti du lait :p), mais l'Ecole normale supérieure n'est quand même pas un tel Repère de Grands Bourgeois ! Là, nous étions manifestement en Très Bonne Compagnie ! Pour vous donner une idée, nous sommes arrivés en même temps qu'un père et ses trois fils (eux aussi blondinets, d'ailleurs - 'sont tous blonds, dans ce quartier ?), très classes, sandwichs Lenôtre à la main, et aux places juste devant nous se trouvaient... Jean-François Copé et sa femme...

D'un autre côté, on aurait pu s'en douter : quand j'ai cherché sur internet des précisions sur les tarifs, la pièce était signalée dans le bottin mondain en ligne (non, moi non plus je ne savais pas que ça existait).

A part ça, public plutôt normal (les Grands Bourgeois aussi sont des êtres humains ; il leur arrive même parfois de faire caca ! :p) : le petit vieux trois sièges à ma droite, qui a passé les vingt dernières minutes avant le lever de rideau à saluer des connaissances («Bonsoiiiir, très cheeeer (chèèèèère) ! Comment allez-vous ?» J'exagère à peine :p), s'est instantanément endormi quand les lumières se sont éteintes. Il semblerait que l'adage comme quoi tous les enfants sont les mêmes, quelle que soit la condition sociale de la famille où ils sont nés, s'applique aussi, dans une certaine mesure, aux personnes âgées...! :p

Je n'ai donc plus qu'une suggestion à faire à la troupe du théâtre de l'Archicube : pourquoi jouer dans le VIIIème ? Je me doute bien que c'est parce que c'est là que vous avez trouvé une salle et/ou parce que c'est un quartier que vous connaissez bien, mais pourquoi ne pas prévoir des représentations aussi à Sarcelles, par exemple ? Si l'Ecole normale supérieure est un peu ce qui reste de l'esprit des hussards noirs de la République et de la méritocratie républicaine (je sais, je suis une grande naïve ; d'un autre côté, ça a marché pour moi !), ce serait une bonne manière de promouvoir la culture et la littérature française, en se montrant dignes de nos Glorieux Prédécesseurs, non ? C'est peut-être gratifiant de prêcher des convertibles (no lapsus here), mais ça l'est plus de faire découvrir des textes à des gens qui ne les connaissaient peut-être pas !

Allez hop ! Le théâtre de l'Archicube hors les murs !

jeudi 12 novembre 2009

La prépa : mode d'emploi.

Sujet du jour : la prépa, passage obligé si vous voulez essayer d'entrer à Normale Sup', mais pas seulement.

On intègre les classes préparatoires aux grandes écoles sur dossier, déposé pendant votre année de terminale. Une des conditions nécessaires est bien sûr d'avoir le bac, mais attention, le dossier se fait avant le fameux examen terminal. Sont recrutés : les meilleurs élèves du lycée, ceux, en particulier, qui sont bons un peu partout. Pas forcément besoin d'avoir 18 de moyenne dans toutes les matières, surtout si vous postulez pour une prépa en province.

L'optique est généraliste : vous y retrouverez les matières de terminale, français, histoire, philo, langues vivantes et anciennes, géographie. Par contre, le rythme de travail est vraiment différent : versions, vocabulaire à apprendre, commentaires de textes dans toutes les langues, exposés, lectures... En fait, la principale difficulté, c'est que, avec plus ou moins le même nombre d'heures de cours qu'en terminale, on vous demande deux à trois fois plus de travail personnel... tout en vous mettant des DS le samedi matin et des colles dans les deux/trois heures de libre de votre emploi du temps.

La première année est donc souvent fatigante, mais, pas de panique, on commence doucement et ce n'est que progressivement que le rythme s'accélère (grosso modo, la vitesse de croisière est atteinte vers décembre, au moment du premier concours blanc). Même chose pour le travail personnel : au début, on a l'impression qu'on n'y arrivera jamais, puis on se rend compte avec étonnement que, ah, si, finalement, on y est arrivé (valable également pour la deuxième année).

Le tout est en fait de mettre en place des stratégies de travail et de savoir comment on fonctionne, en particulier quel type de mémoire on a, pour être le plus efficace possible. Si vous ne le savez pas encore, ce sera très vite le cas. Par exemple, je me suis rapidement rendue compte que j'apprenais nettement plus facilement mon vocabulaire latin (mais ça marche aussi pour toutes les autres listes de mots à se rentrer connement dans le crâne) en le répétant à haute voix, presque en le psalmodiant (vous voyez les gamins de certaines écoles coraniques qui répètent des sourates à voix basse en se balançant ? c'était moi, sauf que j'avais aussi une fâcheuse tendance à battre la mesure, avec un doigt, sur ma table, ce qui pose problème en CDI... :p). Vous travaillez mieux en groupe ? trouvez-vous des petits camarades qui ont le même "profil" et tout le monde en profitera.

La prépa est d'ailleurs souvent l'occasion de faire de belles rencontres et de comprendre ce que le mot "solidarité" veut dire (ne serait-ce que parce que, se payer tous entre trois et cinq à la première dissert' de philo, ça crée des liens... et ce n'est pas si traumatisant, même quand on a été dans la tête de classe pendant toute sa scolarité, parce que tout le monde est dans le même cas). Elle a par contre aussi le désavantage de vous mettre en décalage avec le Reste du Monde (seul quelqu'un qui s'est senti coupable à la seule idée de n'avoir pas mis à profit ses dix minutes de pause pour apprendre du vocabulaire anglais peut comprendre l'angoisse d'un préparationnaire tentant d'expliquer à ses potes que, non, il ne peut vraiment pas sortir samedi soir, sinon ce sera l'horreur la semaine prochaine). Quand on en sort, on a parfois un peu l'impression d'être un survivant, d'où quelques ricanements convulsifs lorsque quelqu'un de la fac crie à la Catastrophe parce qu'il n'a que trois semaines pour faire sa version latine...

Ceci dit, même quand on n'intègre pas l'ENS (ce qui est le cas d'environ 90 % des préparationnaires littéraires), ces deux, voire trois années ne sont jamais perdues. Sur le plan de la capacité de travail, les progrès sont souvent impressionnants, surtout lorsqu'on réintègre ensuite l'université. Ensuite, votre formation généraliste fait que vous avez beaucoup plus de références en tête que la plupart des étudiants (en lettres classiques, à la fac, le cursus ne prévoit pas d'histoire ancienne, par exemple, si les étudiants ne décident pas de l'étudier par eux-mêmes ; or il est parfois impossible de traduire un texte si l'on n'a pas un minimum de bases historiques derrière...). Désavantage là encore : vous aurez besoin d'un temps d'adaptation pour comprendre ce qu'on attend de vous (passer de dissertations en six heures à des dissertations en seulement trois heures rend un peu perplexe quant au résultat final à rendre...).

Maintenant, ce qui est intéressant, c'est aussi de bien choisir sa prépa. Répétons l'axiome archi connu, mais qui a malgré tout éternellement besoin d'être répété : ce n'est pas un lycée qui fait les bons élèves, ce sont les élèves qui font un bon lycée. Non, les prépas parisiennes, pour ce que j'ai pu en entendre raconter, ce sont pas un enfer sur terre (il y aurait une étude à faire sur les fantasmes scolaires suscités par Henri IV et Louis le Grand), mais elles n'ont pas non plus que des profs excellents et donc nécessairement bien meilleurs que ceux de province : il leur arrive aussi de se récupérer des brèles, dont, comme dans les prépas de province, on se demande comment elles ont fait pour échouer là.

Le vrai critère de choix d'une prépa, c'est vous. Si vous êtes persuadé que vous n'avez de chance que dans une prépa parisienne, demandez une prépa parisienne. Si vous n'avez pas envie de partir loin de chez vous, demandez-en une qui sera à côté. Si vous avez besoin d'être un peu "coucouné", demandez une prépa de province pas trop grosse. L'idée est la même que pour la méthode de travail : la meilleure tactique pour avoir de vraies chances d'intégrer et/ou de ne pas être totalement traumatisé par votre passage en prépa, c'est de choisir ce qui, à votre avis, sera le mieux pour vous. De l'utilité, parfois, des portes ouvertes et des discussions avec les élèves, en personne ou sur un forum.

C'est ici qu'intervient mon plaidoyer pro domo, parce que c'est bien gentil de vous dire cela, mais si j'avais intégré à partir d'une grosse prépa parisienne, je pourrais, sans doute à juste titre, être accusée d'hypocrisie. Or il se trouve que j'ai intégré d'une prépa de province, celle d'Orléans pour ne pas la nommer, et même, pire, que j'ai khûbbé là-bas (i.e. que j'ai refait une deuxième année, entre autres parce que j'étais, dès ma première tentative, admissible à l'ENS Paris - post à venir sur le concours, pas de souci).

Soyons clair : le problème des prépas de province, ce n'est ni leur taille, ni leur niveau, c'est le Complexe du Provincial. Personne, ni prof, ni élève, sous prétexte qu'ils enseignent ou étudient en province, ne croit possible d'intégrer une grande école. Facteur aggravant, mais qui découle aussi de cet état de fait : comme les élèves n'y croient pas, lorsqu'ils sont bons, ils se dépêchent de faire des pieds et des mains pour passer dans une prépa parisienne (qui se frotte les mains : Ducros n'a pas à se décarcasser pour les faire intégrer ; tout est déjà fait).

L'année où j'ai khûbbé à Orléans, tout le monde y croyait, profs et élèves. Résultat : trois admissibles (sur un effectif de quinze, ce n'est quand même pas si mal ; on est passés cinquièmes au classement national) ; une admise. Mais si on élargit, on se rend tout de suite compte de ce que les résultats de cette prépa pourraient être sur le papier : la première année où j'étais admissible (toute seule, cette fois-là), un élève qui avait fait son hypokhâgne (surnom de la première année) à Orléans, récupéré ensuite par Henri IV, a intégré du premier coup ; l'année d'après, donc, c'était moi ; l'année suivante, un élève qui est allé khûbber à Henri IV (admissible du premier coup l'année où j'ai été admise) a intégré lui aussi ; le garçon qui a khûbbé avec moi a été pris sur dossier comme étudiant (sera expliqué dans le post sur le concours ou dans un post ultérieur). Pas mal, non ? Et ça fait des années que c'est comme ça.

L'avantage d'une prépa de province en général et d'une prépa de taille relativement modeste comme celle du lycée Pothier d'Orléans en particulier, c'est son atmosphère "familiale" qui fait que vous n'êtes quand même pas totalement lâché dans la nature, ce qui n'est pas le cas lorsque vous êtes plus ou moins "noyé" dans une classe de soixante (au bas mot) élèves. Autre avantage : vous ferez nettement plus d'exercices ; corriger quinze copies prend moins de temps qu'en corriger soixante, donc on peut répéter plus souvent l'exercice. Evidemment, vu comme cela, ce n'est pas très réjouissant, mais si vous avez un peu de mal, c'est particulièrement efficace, il faut le reconnaître : c'est en se colletant avec des versions latines qu'on améliore son niveau de latin.

Donc, choisissez bien votre prépa, réfléchissez et, surtout, ne vous considérez pas comme des ratés si vous êtes en province : vous avez tout autant de chances que les parisiens, il suffit d'y croire !

dimanche 8 novembre 2009

La brève du dimanche matin : résultats d'une chasse à la notice.

Amis lecteurs, bonjour.

Aujourd'hui, penchons-nous sur le cerveau d'une étudiante lambda à la recherche des documents correspondant aux notices bibliographiques qu'elle a déjà dénichées. La Quête a duré une heure (interrompue pour cause de cours d'épigraphie), avec les résultats que vous allez voir, et la Maison vous offre ce matin un accès direct à sa cervelle.

« Bon, aloooorrrs... Ah, un ordi libre, ça va aller vite. J'ai quand même pas que ça à faire, moi. Premier Article Capital... "Genre Humain"... Comment ça, tu ne connais pas cette revue ? Je te dis que tu la connais ! Ah bah voilà, tu vois que j'avais raison ! Ah. Tu la connais, mais seulement en exemplaires "tirés à part". Voyons voir si le numéro dont j'ai besoin en fait partie... non. Ça commence bien... J'aurai peut-être plus de chance avec le deuxième article...

Pom pom pom... Ah ah ! Je le savais ! Et toute la revue est là !!!! "Entrez ici un numéro de volume spécifique" Mais oui, mais oui, que je vais t'en entrer un, de numéro de volume spécifique ! Moi y en a vouloir le 66 ! "Exemplaire inconnu". Comment ça, "exemplaire inconnu" ? Il s'est passé quoi, avec l'abonnement ? Ah. On a tous les exemplaires de la revue pendant plus de cent ans, il y a UN trou, ça tombe sur le mien. Chouette...

Bon, les troisième et quatrième articles sont là, c'est déjà ça. D'accord, ils n'ont pas grand chose à voir avec mon sujet et seraient intéressants seulement comme compléments, mais bon, on ne peut pas tout avoir non plus.

Par contre, les deux suivants sont absolument centraux. Aloooorrrrs... Evidemment, le premier, c'est un truc tiré d'une conférence en URSS avant la chute du Mur, y a peu de chances qu'il soit informatisé. Bingo : l'ordi n'a jamais entendu parler de la huitième Conférence nationale des auteurs et lecteurs du Vestnik Drevnej Istorii de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S. (non, je ne l'ai pas inventée, même si j'aurais pu). Ça peut se conprendre : moi non plus avant de tomber dessus sur l'Année philologique. J'aurai peut-être plus de chance avec le fichier des anonymes.

Réglons son compte à l'autre avant de d'aller y faire un tour : gros truc en anglais, devrait pas y avoir de problème. Comment ça, "inconnu au bataillon" ?! Que tu ne connaisses pas la huitième Conférence nationale des auteurs et lecteurs du Vestnik Drevnej Istorii de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S. (en passant : il y a toujours un peu de piquant à voir l'adjectif "national" collé au sigle "URSS"... Moi qui croyais en plus que les prolétaires n'ont pas de patrie !), je veux bien, mais "Leaders and Masses in the Roman World" !!!

Bon, direction le ficher des anonymes, i.e., pour les non-connaisseurs, les tiroirs à fifiches où sont répertoriés les ouvrages avec trop d'auteurs pour qu'on puisse les inscrire sous un seul nom et qui le sont donc sous leur titre (ça me fait penser qu'il faudra que j'aille éplucher, pour un certain bouquin, celui des auteurs, qui a beau être "mort" (les nouvelles acquisitions n'y sont pas ajoutées, elles sont directement sur internet), il n'en est pas moins toujours très utile). "Conférence nationale...", "Conférence nationale...", "Conférence nationale..." : rendons-nous à l'évidence, ici non plus, personne n'en a entendu parler. Aïe, aïe, aïe, ça sent la BNF, tout ça...

Et l'autre ? Nomdidjiou, l'autre n'y est pas non plus ! Ça, c'est quand même fort de café ! A quoi ça sert que Ducros, il se décarcasse, nom de nom ! En plus, je n'y crois pas du tout, je suis sûre qu'il y a une embrouille !»

Retour sur ordi, direction "Année philologique en ligne".

« Bordel (oui, je sais, je deviens de plus en plus grossière : c'est un des effets secondaires que la recherche bibliographique a sur moi) ! impossible de remettre la main sur cet article, même avec le nom de l'auteur ! Il y a un trou dans l'espace-temps ou quoi ? Je l'ai trouvé une fois, je devrais pouvoir le trouver deux ! Bon, recherche par mots-clé : "1 257 résultats". Chouette... Ajoutons la date de publication : "33 résultats". C'est mieux ! Ah ah ! je te tiens, sale ###§§§§§!!!!!!!!!!!! ! M'en doutais : y a un truc chelou ; c'est présenté comme un bouquin, mais y a un renvoi à la revue Mnemosyne. Mieux : "Suppl. Mnemosyne". Evidemment, la base de recherche de la bibli ne connaît pas les suppléments à Mnemosyne, ce serait trop simple... "L'ouvrage que vous cherchez se trouverait ici" : merci, ça m'aide vachement de connaître sa place fictive dans l'ordre alphabétique des oeuvres répertoriées...

Dernier espoir : aller errer désespérément dans le rayon où se trouve Mnemosyne, au cas où, on ne sait jamais... Miracle !!!! Alleluïa !!!! Les suppléments y sont aussi !!!! Ah, non, j'ai parlé trop vite, ils s'arrêtent au numéro 134, il me faut le 212... Non !!!! Miracolo !!!! Ils ont juste changé de couverture et (plus ou moins) de nom ("Mnemosyne" n'est plus écrit dessus) !!!! Ouaiiiis !!! Le 212 est là !!! Et mon article est dedans !!!! Il n'a que peu de rapport avec mon sujet, mais ce n'est pas grave !!! J'exulte de joie !!!! Enfin un résultat !!!!

Tiens, ce n'est pas le prof d'épigraphie qui passe dans la cour, là ? Attendez, ce n'est pas possible, il est quelle heure ? MOINS CINQ ???? DÉJÀ ???!!!! Merde, faut que j'y aille !»


C'est ce qu'on appelle un après-midi scientifiquement très productif...



vendredi 6 novembre 2009

Il est né, le divin enfant...

Ma théière électrique, mon piano (électrique aussi ; je suis en internat, j'ai pitié de mes voisins - tiens, ça pourrait faire un slogan pour un badge, ça), mon mac et la lampe de mon bureau,

ont la joie de vous annoncer qu'ils partageront désormais leur multiprise préférée avec :


Bibiche



ma nouvelle et future imprimante adorée.

Parce que, attendre (si possible) de rentrer dans mes pénates, devoir monter au 7ème pour imprimer sur une imprimante massive qui refuse toujours de fonctionner comme elle devrait, histoire de montrer à tout le monde combien je ne suis pas douée (la dernière fois, c'est un Indien de la sélection internationale qui a eu pitié de moi et s'est décidé à m'aider...) ou demander "innocemment" à mon grand-oncle et ma grand-tante si je peux utiliser la leur, c'est quand même la loose.

Donc, souhaitons-lui longue vie et surtout, surtout, surtout qu'elle ne tombe pas en panne pendant la Période Critique "mai-juin-(et éventuellement)juillet".



Seul problème : maintenant, avec tous ces fils, j'ai un peu l'impression d'être la fille de chez crétin.fr, dans la pub Free, qui décore sa maison avec des cables électriques...


jeudi 5 novembre 2009

De l'impossibilité d'évaluer l'activité des littéraires au nombre d'heures passées en cours

Ce magnifique après-midi ensoleillé est parfait pour travailler, non, vous ne trouvez pas ? Comment ça, il fait vraiment un temps de cochon à Paris ?! Et a-lorrrrs ?! Je fais comme les Grecs avec la main et l'aile (celle d'une armée, pas celle des piafs) gauche : c'est a-po-tro-pa-ïque (encore un mot que mon correcteur orthographique ne connaît certainement pas) !

Donc, je disais, cet après-midi pourri de novembre est parfait pour travailler. Je m'en vais donc faire une note de blog, puisque c'est l'activité la plus adaptée au moment. Oui, je sais, je ferais mieux de bosser, mais c'est précisément ce que j'ai fait toute cette matinée, donc j'estime avoir droit à une petite pause post-prandiale (c'est le jour des mots nouveaux).

J'ai en effet passé toute ma matinée sur ma fameuse Thèse Incontournable de huit cents pages : j'ai décidé d'en finir avec elle en essayant d'en lire au moins cinquante pages par jours, mais je dois bien avouer que la liste des différentes "originalités" administratives et juridiques répertoriées chez Suétone a bien failli avoir raison de ma bonne volonté.

J'ai donc bûché un peu plus de trois heures sur ce fameux bouquin, toute seule dans ma chambre, sans rien faire d'autre, et, le mieux, c'est que ces trois heures de lecture/prise de notes comptent, aux yeux de certains, pour du beurre.

La plupart des gens n'évaluent en effet le degré de travail d'un étudiant (ou d'un prof ; ou d'un chercheur : c'est la même chose) qu'au nombre d'heures passées en cours (et en labo pour les scientifiques). Ce qui fait qu'on arrive à de petites phrases très sympas que j'entends depuis huit ans que j'ai choisi la filière littéraire (y compris, un matin, à la radio, par le gars manifestement pas très futé qui représente l'Unef en ce moment) : "Waow ! Vous avez vus combien les étudiants en lettres ont peu d'heures de cours ! Ce sont vraiment de grosses faignasses !"

J'ai pourtant bossé trois heures ce matin, comme hier, avant-hier et le jour d'avant aussi. Oui, mais voilà : ces heures ne sont pas comptées dans mon emploi du temps officiel, qui, lui, dit : "Lundi, mardi, mercredi, jeudi matin : pas cours" Et là, tout le monde de s'écrier : "Mais elle ne fout vraiment rien du tout, c'est insupportable !" Et ce même les matins (et/ou les après-midi) que je passe en bibli à compiler des articles, à quoi je pourrais ajouter l'heure et demie de train quand je rentre de mon patelin, mes trajets de métro et de RER pendant lesquels je suis souvent aussi plongée dans un bouquin (ce qui fait qu'il m'arrive parfois de relever le nez et de voir le panneau de la station où j'étais censée descendre s'éloigner dans le lointain...).

Mais la seule chose concrète que voient les gens, c'est mon emploi du temps, i.e., en fait, le truc où sont notés les horaires des cours que je dois suivre en plus des recherches que j'ai à faire : 4h à la fac (deux séminaires : pour diverses raisons, en particulier le fait que je suis sur deux établissements, je suis dispensée des autres), huit à l'ENS. Ce qui fait (plus ou moins) douze heures par semaine et me vaut des réflexions du type (outre celles déjà citées) "Et EN PLUS t'es payée pour ça ???!!!!".

Oui, je suis payée. Et, oui, j'estime mériter mon salaire, vu comment Ducros il se décarcasse.

Bon, arrêtons de chouiner, maintenant. Après tout, j'aime ce que je fais et j'ai suffisamment rencontré d'abrutis depuis huit ans pour avoir le cuir assez tanné.

Tout ce que je voudrais, c'est que vous essayiez de vous représenter ce que c'est que le travail d'un littéraire. La majeure partie de notre activité, c'est l'écriture et, surtout, la lecture. Même si vous ne lisez jamais, vous savez que cela prend du temps. Et même si vous ne lisez jamais, vous pouvez sans problème vous imaginer que, quand votre travail requiert de lire beaucoup, une bonne partie de ce qui vous passe sous les yeux ne rentre pas dans la catégorie "loisir" : j'ai beau aimer ce que je fais, une thèse de huit cents pages sur "Suétone historien", ce n'est pas exactement ce que je lirais pour me détendre. Surtout quand j'ai un mémoire sur ledit Suétone à rendre à la fin de l'année et une thèse qui se dessine aussi derrière.

Je ne vais pas non plus à la bibliothèque pour me détendre. J'aime beaucoup cet endroit (même si j'ai un peu de mal à y travailler), mais si, pour la plupart des gens, une bibliothèque est un endroit où on va chercher des livres pour se détendre, pour les littéraires, c'est un instrument de travail, exactement comme le laboratoire pour un scientifique. Je ne répéterai pas ce que j'ai déjà expliqué dans mes posts sur les recherches bibliographiques, mais ce genre de recherches demande un nombre d'heures certain, qui n'apparaissent pas sur mon "emploi du temps", mais qui sont tout de même bien réelles. Dans mon véritable emploi du temps, mes matinées sont tout aussi remplies que mes après-midi, même si je n'y ai pas cours.

On ne peut donc pas évaluer le travail des littéraires, ni même le degré d'exigence de cette filière (car c'est de cela qu'il s'agissait en septembre avec la connerie chimiquement pure qu'a sortie le représentant de l'Unef sur France Inter) au nombre d'heures passées en cours. Si comptabiliser des heures il faut absolument, celles passées en bibliothèque doivent être prises en compte. Et, à ce moment-là, je demande aussi que celles que je passe à mon bureau, penchée sur un gros pavé et travaillant sur mon ordinateur, le soient également. Et puis, tant qu'on y est, celles aussi à lire pendant mes trajets dans les transports en commun (surtout cette année, que leur nombre a explosé puisque je suis à Nanterre).

C'est là qu'on voit, finalement, la difficulté qu'il y a à évaluer notre travail. Faire pointer les gens quand ils vont à la bibliothèque et leur interdire de travailler en dehors est absurde. Ne prendre en compte que les heures de cours est tout à fait insuffisant. Que reste-t-il, alors ? La confiance, le lâcher-prise : le travail effectué se voit avec le résultat final. Evidemment, si, à ce moment-là, il s'avère que la personne en question n'a rien foutu, c'est trop tard. Mais l'immense majorité, elle, travaille. Le problème est que, manifestement, dans la société actuelle, faire confiance aux gens et les laisser travailler comme ils le veulent, comme ils sentent que c'est mieux pour eux (après tout, quel problème y a-t-il à ce que Bidule se lève à 11h tous les matins, s'il travaille jusqu'à 4h tous les soirs et que, au finish, le travail est fait ?), les laisser aimer leur travail, ça ne va pas de soi.

Et, pour finir sur les questions d'exigence de la filière littéraire, en lettres, si vous ne faites rien, si vous ne vous défoncez pas, si vous ne lisez pas d'autres livres que ceux qu'on vous dit de lire et n'approfondissez pas les questions abordées en cours, en clair : si vous vous contentez du service minimum, vous n'arriverez jamais à rien et vous pointerez directement à l'ANPE au Pôle Emploi. J'ajouterai que les exigences de la filière sont même souvent en total décalage avec votre niveau : ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais cela veut dire qu'on attend beaucoup de vous et que vous devez donc travailler beaucoup aussi pour être à la hauteur.

Sur ce, j'y retourne : ça fait une heure que j'écris et Suétone et ma thèse de huit cents pages ne se liront pas tous seuls...!

mardi 3 novembre 2009

A l'ENS, on n'a pas toujours des sous pour la bibliothèque, mais on a des idées !

Lundi de la semaine dernière, bibliothèque d'Ulm fermée en catastrophe pour cause d'inondation dans la salle 4 (donc pire que les jolis plic plic tombant du plafond dans de tout aussi jolis seaux en plastique bleu).

Manifestement, il a eu des dégâts et, une semaine plus tard, les Grands Moyens étaient toujours en oeuvre pour sécher les Malheureuses Victimes.



Si vous cliquez sur l'image pour l'agrandir, vous verrez écrit sur le panneau "Epis touchés par l'inondation - Livres indisponibles - Ne pas toucher" : c'est sûr que, trempés comme des soupes, ils vont beaucoup moins bien marcher !

Quand je vous disais qu'une oeuvre peut disparaître à cause d'une fuite d'eau !

Et après ça, on nous dira que ce n'est pas grave si on taille à vif dans nos subventions !



lundi 2 novembre 2009

ENS Paris, mode d'emploi.

Bon, il est temps de présenter mon école à ceux qui ne la connaissent pas, des fois que je n'aurais pas fait suffisamment de pub maison ici.


(Entrée de l'Ecole Normale Supérieure de Paris ; photo par Tilo2007 ; source FlickR)

Je suis donc à l'Ecole Normale Supérieure de Paris, gîtée au 45 rue d'Ulm, dans le Vème arrondissement (arrivés devant le Panthéon avec le Luxembourg dans le dos, prenez la rue perpendiculaire à droite, c'est tout au bout).

L'Ecole Normale Supérieure, pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec le système universitaire français, est ce qu'on appelle une Grande Ecole, i.e. un établissement d'enseignement supérieur qui double l'université, dans tous les sens du terme : il lui pique ses étudiants et il assure des cours en plus qu'elle. Les scientifiques, par exemple, ne sont même pas obligés de suivre ceux de la fac, juste d'y être inscrits administrativement (et encore...) ; les littéraires, eux, ont des cours à la fac ET à l'ENS, ce qui fait un emploi du temps assez chargé en première année, lorsqu'il s'agit de passer sa L3 (amis préparationnaires, on vous a vanté les joies de la glandouille après l'admission, laissez-moi vous annoncer haut et fort qu'on vous a menti ! même si le rythme de travail n'atteint quand même pas les sommets de la prépa - ce qui veut dire que vous allez quand même découvrir avec bonheur le sens de l'expression "ne rien foutre du week-end" ; non, ce n'est pas remettre au lundi l'apprentissage du vocabulaire d'anglais).

(Vue de la Cour aux Ernests de l'Ecole Normale Supérieure ; photo par David Monniaux ; source : Wikipedia)

Quand on entre à l'ENS, on est considéré comme fonctionnaire stagiaire et on s'engage à servir l'Etat pendant dix ans. Evidemment, dit comme ça, ça a un peu des allures de pacte faustien (il paraît même qu'il y en a qui hésitent au moment d'apposer leur paraphe, le jour de la rentrée), mais ça vaut vraiment le coup.

D'abord parce que vous êtes payé : pendant les quatre ans que durera votre scolarité, l'Etat vous versera un salaire vraiment confortable vu les conditions de vie par ailleurs (environ 1 300 euros). D'où l'engagement décennal : si vous ne le remplissez pas, vous serez obligé de rembourser la totalité de la somme.

Ensuite, parce que vous êtes nourri, logé, blanchi, plus ou moins gratuitement : l'internat vous coûtera 250 euros par mois (ce qui n'est rien, surtout lorsque vous êtes logé dans le Vème, et vous le serez nécessairement la première année) ; les repas du Pot ne sont pas chers et toujours mangeables (surtout après six ans dans un lycée avec une cantine infâme - toute ressemblance avec un cas personnel étant bien sûr purement fortuite) ; des machines à laver sont mises gratuitement à disposition.

Mais surtout, l'ENS, c'est la Rolls pour faire des études, surtout lorsqu'on se destine à faire de la recherche. Je vais me répéter, mais 600 000 ouvrages en libre accès à la bibliothèque, c'est vraiment royal et ça permet de ne pas perdre de temps : presque tout est sur place. Vous croisez donc aussi des chercheurs confirmés au cours de vos Pérégrinations Bibliographiques (et ça vous évite d'angoisser à l'idée de devoir aller à la BNF).

Ensuite, les profs sont assez présents et peuvent vous donner des indications bibliographiques ou répondre à vos questions d'orientation. Les cours sont franchement intéressants et vous pouvez tous les suivre, quelle que soit la matière que vous étudiez (pour ne prendre comme exemple que les cours de langue, en ce moment, on essaie de monter un cours de zoulou). Je passe sur les conférences et les séminaires d'élèves.


(Cours aux Ernests sous la neige ; photo par Larzalier ; source : Wikipedia)

Maintenant, entendez-moi bien : je ne suis pas en train de dire que l'ENS, c'est bien et la fac, c'est nul, loin de là. D'abord parce qu'on entre à l'ENS par concours (post là-dessus à venir) et que réussir un concours comporte toujours une part de chance ; en clair, entre le premier collé et le dernier admis, il n'y a presque rien. Ensuite parce qu'à la fac aussi, il y a de très bons profs et des cours intéressants et que ne faire ses cours qu'à l'université ne signifie ni qu'on est moins bon, ni qu'on n'a pas d'avenir.

Mais il faut reconnaître que l'ENS est un cadre optimal pour faire des études (sans compter que la question de leur financement est réglée). Alors, si vous êtes au lycée et que cela correspond plus ou moins à ce que vous voulez faire, vraiment, faites prépa et tentez votre chance. Même si vous n'êtes pas reçu au finish, ça en vaudra le coup, même pour la suite de vos études.

Sur ce, mode "propaganda" off. Pour ceux que ça intéresse, posts à venir sur le concours d'entrée et les classes préparatoires.

dimanche 1 novembre 2009

Eine andere Petition

J'ai reçu une drôle de missive dans ma boîte aux lettres électronique, l'autre jour. Je crois que l'Affaire est grave (non, il ne s'agit pas de mon ancien directeur, ni du prof à la Sorbonne que j'avais contacté en septembre et qui se serait brusquement réveillé). Je vous la livre en intégralité, vous me direz ce que vous en pensez.


"Chef toute puissante et adorée,

ô maîtresse acariâtre et autoritaire (pléonasme),

future Lumière de la Recherche Française,


yo.


C'est NeoOffice, ton traitement de texte, qui te parle.

Bien sûr, nous eûmes des orages (deux ans d'amour, c'est l'amour fol... Non, pardon, je m'égare) : toi et moi, outre tes "créations" littéraires, nous avons notamment connu un M1 de folie : tu m'as fait travailler comme un esclave, bien plus que 35h, presque jour et nuit, surtout en mai-juin ; je me suis vengé en désactivant la numération automatique des pages, ce qui t'a valu un sévère coup sur les doigts lors de ta soutenance ; je décline toute responsabilité pour les nombreuses fautes d'orthographe ou de frappe qui t'ont échappé : tu n'avais qu'à ne pas relire à la bourre.

Malgré tout, on s'aime bien, quand même, hein ? T'as essayé de me remplacer par Lateχ, puis tu t'es rendue compte que ce ne serait pas opérationnel tout de suite tout de suite, alors tu es revenue vers moi.

Mais là, ça va vraiment pas être possible. Non, franchement, je pète les plombs. Passe encore que tu me fasses apprendre des mots français chelous (souviens-toi, avant que tu arrives à désactiver la fonction "suggestion automatique de mots", à chaque fois que tu avais le malheur de taper un "p", je te proposais "parthénogénèse" : c'est comme les petits enfants, j'avais appris un mot nouveau, je cherchais à le réutiliser). Et passe encore que tu me forces à avaler des noms de gars pas très fréquentables : j'étais d'accord pour "Asinius Pollion", "Dion Cassius" et éventuellement "Xiphilin", j'ai cédé sous la pression impériale devant Caligula, Vitellius et Domitien.

Mais là, franchement, non ! Je te rappelle que je suis programmé pour vérifier et éventuellement ingurgiter des mots français ! Et qu'est-ce que tu me fais afficher, toi ? De l'anglais, de l'italien et du latin ! Voire de l'allemand ! Après ça tu râles parce que je te souligne tous azimuts les mots en rouge ??? En plus, tu mêles différentes langues sur la même page ! Moi, j'ai seulement été programmé pour envisager la possibilité qu'un paragraphe soit en anglais, pas dans une langue barbare !

Et ne viens pas me reprocher de ne pas faire des efforts ! Tu ne peux pas nier que je racle mes fonds de tiroirs lexicaux ! Pour "pietas", dans ma Grande Bonté, je te propose "pintas", "pistas", "pieutas" !!! Si c'est pas désopilant, ça ! Je me soucie de ta bonne humeur et de tes dix minutes (au moins) de rire par jour, moi ! Pour "Séjan", je te propose "Saigna" et "Sergent" : ce n'était quand même pas très loin de qui était le gars en question, non ?!

Alors voilà : maintenant, puisque c'est comme ça, j'm'en va tout souligner indifféremment, y compris les mots parfaitement orthographiés en français. Et je n'arrêterai que lorsque tu m'auras présenté des excuses en bonne et due forme et cesseras de me torturer avec des langues bizarres qui ne sont pas la mienne (je te préviens que mettre les mots louches en italique ne compte pas !), espèce de détraquée !

On dit que les Français sont nuls en langue, il n'y a pas de raison pour que leurs traitements de texte ne le soient pas aussi !"