samedi 25 septembre 2010

De la lecture (très) en diagonale

C'est marrant, je n'avais jusque là qu'assez peu lu de bouquins en diagonale : quelque chose qui pourrait sans doute s'appeler "la Conscience Professionnelle de l'ex-Khâgneuse Angoissée" me sussurait toujours à l'oreille «On ne sait jamais, il y a peut-être quelque chose d'utile dans ces paragraphes que tu es tentée de sauter...?» et je finissais par plus ou moins tout lire, ce qui me prenait du temps.

Oui, mais là, voilà : quand on a environ neuf cents pages de bouquins sur Hugo, sa vie, son oeuvre en général et Notre-Dame de Paris en particulier, qu'on sait qu'il va falloir monter fissa un cours et que, somme toute, il ne s'agit ni de préparation à l'agrégation, ni d'une allocution dans un colloque de spécialistes, mais d'un TD de première année, dont le but est plus d'apprendre à des étudiants fraîchement sortis du lycée comment avoir une lecture littéraire d'un texte, on fait taire cette petite voix et on la joue stratégique.

Ce qui donne à peu près ça :

8h : article sur le Moyen-Âge vu par les romantiques. «Allez, il y en a pour quinze pages, je vais tout lire.»

8h20 : «C'était bien sympa, tout ça, mais il n'y avait rien sur Notre-Dame de Paris

8h21 : ouvrage sur le roman historique. «Ah, mais en fait, c'est bien, ça ! C'est même en rapport avec mon sujet de thèse ! Parfait !»

8h40 : «Bon, on va sauter la partie sur le développement des recherches historiques au XIXème, parce que je le connais en long, en large et en travers.»

9h : «Je me demande si j'ai bien fait de lire cette sous-partie sur l'explosion du roman à la même époque : ça allait jusqu'à Zola et, soyons clairs, il n'y a que la partie 1820-1840 qui m'intéresse.»

9h10 : «Ah ! ça y est ! le roman historique !»

12h : «Oui, bon, c'était intéressant, tout ça, mais ça ne constituera, hélas, qu'une petite partie de mon introduction... La vie est belle, je reste zen, c'est le moment de faire une pause-déjeuner.»

13h30 : Reprise. "Hugo et le roman architectural". Six cents pages. Examen du sommaire. «Alooooors... Ça, je n'en ai pas besoin... Là, je ne lirai que la sous-partie sur Notre-Dame de Paris... Et ça...? on verra.»

13h40 : «Oui, alors, ça, je l'ai déjà lu ailleurs. Passons.»

14h10 : «Pompompom... Zip ! sautons joyeusement tous les exemples qui ne portent pas sur le roman qui m'intéresse !»

15h : «Je ne vais quand même pas me taper tous les types de lieux qu'on peut rencontrer dans l'ensemble des romans de Victor Hugo !»

16h : «Et donc, ça, c'est une redite de ce qu'elle a écrit avant ET de ce que j'ai lu ailleurs...» Flouch, flouch (bruit de pages tournées frénétiquement)...

16h45 : «Et voilàààà la con-clu-sion !»

16h50 :
«Que de la récapitulation, pas d'ouverture : ça ne me sert à rien !»

17h 10 : «Hop ! J'ai fini ! Et je n'y ai même pas passé la journée (enfin, presque) ! Six cents pages en quatre heures : bonne moyenne...!» :p

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