dimanche 3 mars 2013

A vulgarisation, vulgarisation et demie

Autant vous le dire tout de suite, je n'aime pas beaucoup le mot de "vulgarisation". Je suis fermement convaincue que la pratique qu'il désigne est nécessaire, quelle que soit la discipline, ne serait-ce que parce que les deniers qui nous financent sont publics, mais "vulgarisation" sonne à mes oreilles, même latinistes, méprisant pour les uns ("vulgum pecus") et dégradant pour les autres ("vulgaire"). Je préfère "divulgation", même s'il y a toujours uulgus dedans et qu'on dirait la révélation d'un Incroyable Secret.

(Nouveau concept d'émission : faire un Secret Story de la recherche. "Saurez-vous deviner sur quels sujets travaillent ces scientifiques ?" Je ne sais pas pourquoi, mais je crains que TF1 ne trouve pas cela adapté à notre "temps de cerveau disponible". Dommage...)


 ("Mon Terrible Secret ? Je suis chercheur en céramologie...")


En ce moment, les Journées Antiquité approchant à grand pas, je suis en train de finaliser les trois interventions que je vais y faire. Je reprends l'atelier Cicéron pour la Journée Eloquence, ce qui est relativement simple ; en revanche, les deux Journées Histoire et Historiographie me donnent un peu plus de fil à retordre.

Mon rôle sera de leur donner un aperçu de la pratique historiographique romaine sous l'Empire, en les faisant travailler sur la question des scènes-type, reprises et transformées, à partir du récit de la mort d'Auguste par Tacite (calmez vos palpitations : je leur fournis le texte latin, mais ils travailleront sur traduction ; outre les questions de niveau, en vingt minutes, je vois mal comment faire autrement). Au départ, je devais faire exactement le même atelier les deux matinées. Sauf que l'âge des élèves qui vont venir ne sera pas le même : le 21 mars, ce seront des lycéens, le 26, des collégiens ; on ne présente pas la même chose de la même manière à des 6ème et des Terminale. On a donc décidé que l'intervention collégiens présenterait davantage les principes de base, tandis que celle pour les lycéens irait plus loin.

J'ai commencé par la plus simple : il me paraissait plus logique de penser les premières briques et de complexifier ensuite. Et, effectivement, ce fut plus simple : débuter par les déclarations de Cicéron dans le De Oratore ("la vérité, rien que la vérité, toute la vérité"), le prendre en flagrant délit de contradiction dans sa lettre à Luccéius ("Ouiiiii, mais si tu m'arranges un peu, quitte à inventer, ce n'est pas graaaave...!") pour poser l'ambiguïté, à nos yeux, de la conception romaine, et montrer ce que ça donne concrètement en comparant Tacite et Suétone.

 ("Salut ! Moi je bosse en historiographie romaine !")


Et ensuite, lorsque mes neurones ont bien voulu se remettre à fonctionner à peu près correctement (trois fois honnie soit cette crève apocalyptique qui m'a foutu ma semaine en l'air !), j'ai remonté mes manches et je me suis dit : "Lycéens, à nous !". Cette fois-ci, pas de briques, mais des murs déjà construits : toujours le même texte de Tacite, mais aussi la mort de Tarquin l'Ancien par Tite-Live et celle de Claude par Suétone (au départ, je voulais garder Tacite, mais le texte de Suétone est beaucoup plus court et ne nécessite pas de saucissonage).

C'est à ce moment-là que j'ai été assez embêtée : jusqu'où complexifier ? que dire, que ne pas dire ? comment ne pas les perdre entre Auguste, Tarquin, Claude, Livie, Tanaquil, Agrippine, Tibère, Servius, Néron ? Mon Arme Fatale devrait être la comparaison (et puis, faute d'avoir pu assister à la réunion de mardi dernier, je vais tout envoyer au reste du groupe pour qu'ils me donnent leur avis), mais j'aurais bien aimé avoir un peu plus de vingt minutes. A vrai dire, j'aurais bien aimé avoir au moins une heure. En fait, pour tout expliquer avec clarté et précision, il faudrait un séminaire.

Mais bon, là, je passe à une autre dimension, évidemment.

(Alors ? avez-vous réussi à de deviner laquelle des deux photos ci-dessus représente un vrai chercheur ? ;-))

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